Rencontre avec Anicia Jaegler

Françoise Savés : Quels liens faites-vous entre développement durable, inclusivité et parité ?

Anicia Jaegler : Parmi les Objectifs du Développement Durable de l’ONU, certains sont directement liés à l’inclusivité. Inclusivité et Durabilité sont intrinsèquement liées. Être inclusif c’est inclure toute personne quelle que soit la discrimination dont elle pourrait être l’objet. On peut citer le handicap, l’orientation sexuelle, l’origine, la religion… ceci n’étant pas exhaustif. De nombreux objectifs du développement durable y sont rattachés comme le numéro 1 qui vise l’éradication de la pauvreté, le numéro 3 le bien-être et la santé et le numéro 5 l’égalité homme femme. Ce dernier est souvent mis en avant. De nombreuses actions visent notamment la parité. On peut donc voir l’égalité homme femme comme le fer de lance des autres discriminations et imaginer que les meilleures pratiques à ce sujet soient ensuite répliquées.

FS : Pourquoi la création d’un poste de doyenne associée à l’inclusivité chez Kedge ?

AJ : L’école au sens large s’engage ou doit s’engager pour l’atteinte de ces objectifs. L’école mène de nombreuses actions. Nous avons engagé un travail de fond pour cartographier l’ensemble de nos cours au regard des Objectifs du Développement Durable. Nous sommes engagés dans le PIR, Positive Impact Rating, qui mesure la perception des étudiants quant aux actions de l’école. Il est important que nos actions soient suivies et qu’elles soient perçues. Le projet stratégique Kedge ImpaKt a pour objectif de renforcer l’excellence et la cohérence des actions liées au développement durable.
Dans cette ligne, Kedge accorde une grande importance aux sujets traitant de l’inclusivité fortement mis en avant dans la stratégie de l’école : durabilité/pérennité et inclusivité. En nommant une doyenne associée à l’inclusivité, Kedge lui donne comme mission d’en coordonner la dimension dans l’ensemble des activités de formation et de recherche ainsi que d’assurer la convergence avec les actions internes, assurant ainsi la transversalité inter-directions.
Gabriel Malek dans le journal Usbek et Rica publie une tribune « Les écoles de commerce ont-elles leur place dans une société écologique ? ». Il y dresse un tableau dans lequel je ne reconnais absolument pas Kedge. Le développement durable a toujours été dans l’ADN de Kedge. Le corps professoral de Kedge, composé de chercheurs, étudie le monde d’aujourd’hui et réfléchit au monde de demain. La prise de conscience du changement climatique mais aussi de l’inclusivité, si elle a été renforcée par la crise de la covid-19, existait déjà depuis fort longtemps.

FS : Concrètement, cela veut dire quoi pour les étudiant(e)s ?

AJ : Le développement durable a toujours été transverse à Kedge. Tous nos étudiants y sont formés. Le sujet n’est pas réservé aux étudiants suivant un cursus particulier. Pour changer le monde, nos futurs étudiants qui seront des acteurs de l’entreprise quel que soit leur poste, doivent diffuser les bonnes pratiques durables. Dès leur entrée à l’école, les étudiants participent à une Fresque Climat. Au cours de leurs études, ils suivent des cours généraux sur ces thématiques. Kedge est également à l’origine du Sulitest grâce à Jean-Christophe Carteron et Aurélien Descamps. Ce test est internationalement reconnu et tous nos étudiants le passent. Mais Kedge a également des cours ou cursus plus spécialisés. Les étudiants peuvent être certifiés bilan carbone® ; suivre une majeure RSE en PGE, avoir des cours spécialisés dans la durabilité appliquée à d’autres majeures (achats, finance, supply chain, marketing, etc.).
Kedge est forte d’un centre d’excellence en développement durable composé de plus de 27 chercheurs et doctorants mais d’autres centres de recherche étudient également des thématiques durables. Ces professeurs diffusent leur recherche lors de leurs cours. Mais les étudiants en demandent encore plus, à la rentrée 2022, un MSc Business Transformation for Sustainability va ouvrir à Paris. Nous allons aussi proposer des certificats en Executive Education. De nombreux alumni nous demandent en effet ces formations. Les connaissances évoluent vite et ils ont besoin de se former ou reformer sur ces sujets.
Si nous regardons du côté de la finance et de l’économie, un centre d’expertise SEEFAR (Shift for Ecology, Economics, Finance and Accounting research) existe depuis longtemps à Kedge. Il regroupe plus d’une trentaine de professeurs sous la direction de Christophe Faugère. Il a pour objectif de développer des outils et solutions alternatifs afin de promouvoir des modèles économiques, financiers et comptables durables, ainsi que de transformer le discours public et contenu éducationnel autour de ces sujets. Les chercheurs de ce groupe enseignent dans le MSc Sustainable Finance, leader en Europe.
Nous offrons donc un cadre où les étudiants peuvent se former sur ces sujets. En effet, plus de soixante associations, des projets étudiants, des missions étudiantes, des mises en situation proposées par les enseignants en lien avec des entreprise, les business nursery, … C’est un formidable terrain de jeu où mettre en pratique et tester le monde de demain.