Le talent d’avoir de la chance
La chronique d’Éléna Fourès, expert en leadership et multiculturalité,
fondatrice du cabinet IDEM PER IDEM.
elena.foures@idem-per-idem.com
« La chance d’avoir du talent ne suffit pas ; il faut encore le talent d’avoir de la chance » Hector Berlioz.
La conjonction des deux, le talent et la chance, est indispensable au succès dans tous les domaines : artistique, scientifique, sportif, financier, de l’entreprise.
Combien de talents n’arrivent pas à « percer » car la chance ne leur « sourit toujours pas » ? Cette dernière, représentée par la divinité Fortuna, serait-elle une dame capricieuse et imprévisible, « froide comme la neige » ? Et quand bien même, comment la séduire, à la manière des perce-neiges qui fleurissent sur son manteau blanc ? Et une fois séduite, comment l’apprivoiser, la fidéliser ? Il existe toutes sortes de mythes, de recettes, voire de rituels pour « attirer » la chance. Le talent d’avoir de la chance est une aptitude particulière, qui consiste à créer les conditions pour qu’elle puisse se manifester : la chance, ça se crée.
En analysant les profils des personnes qui ont réussi la fameuse conjonction des deux, on constate que : Premièrement, ils se considèrent comme a priori chanceux/euses et ceci de façon transversale (avant- pendant- après) lors de la manifestation du facteur chance. Si « pour avoir du talent, il faut être convaincu qu’on en possède » d’après Gustave Flaubert, il en va de même pour avoir de la chance. Après tout « Nul n’est plus chanceux que celui qui croit à sa chance. » (Proverbe allemand).
Deuxièmement, on constate que leur représentation identitaire contient la conviction « je suis chanceux/euse » ; cela fait partie de leur ADN. En réalité, la catégorisation identitaire en « être » (« je suis chanceux»), est plus fertile que la catégorisation en « avoir » ou « faire » (« j’ai de la chance », « j’ai attiré la chance »). Passer de l’« avoir » à l’« être » est un sacré passage de niveau en matière de degré de certitude. C’est exactement comme passer de « je pense » à « je sais ».
Troisièmement, nourri(e)s de cette conviction, ils sont ultra tenaces et persévèrent jusqu’à ce que la chance leur sourie. Ainsi un jeune ténor débutant ne se contentera pas d’être sur la liste d’une agence, mais fera le tour des directeurs d’opéra en Allemagne, Autriche et Angleterre pour leur demander de lui accorder 10 minutes. Après une centaine d’auditions, presqu’un an plus tard, il obtiendra un contrat et sa carrière sera lancée. Ainsi, « la chance ne sourit qu’aux esprits bien préparés » (Louis Pasteur).
Quatrièmement, ils savent que la Fortuna a ses « ambassadeurs » qu’elle utilise comme des « passeurs de chance ». Cette conscience aigüe de l’importance du réseau les pousse en permanence à faire des rencontres, parler de leurs projets, tisser des liens. Ils sont curieux et ouverts, en attendant que la chance « passe » par une personne qui leur propose quelque chose, les appelle sur un projet, et que leurs rêves réciproques se marient. Ils savent que parmi les dizaines de « bouteilles » jetées à la mer, au moins une parviendra à destination.
Alors, « Être ou ne pas être chanceux ? », là n’est pas la question. Cultivez votre talent à entretenir la chance : elle vous le rendra !
A FAIRE
• Croire en sa chance
C’est une condition sine qua non de sa manifestation. Remémorez-vous toutes les situations où elle vous a « souri » pour renforcer cette conviction de vous voir en « chanceux/euse », et créer une croyance aidanteplus puissante que tous vos virus mentaux réunis.
• Booster sa chance
« La chance est un oiseau qui attend la venue de l’oiseleur » (Ausone). Multipliez les opportunités pour vous « exposer » à ceux qui sont susceptibles de devenir votre « passeur » et impressionnez-les !
• Fertiliser sa chance
La chance se rapproche dans ses mécanismes d’une prophétie auto-réalisatrice. La nourrir en visualisant, ressentant, se racontant à soi-même vos succès et victoires futurs vous donnera un rayonnement qui, à son tour, créera le « vent favorable » qui vous portera vers vos objectifs.
A ÉVITER
La peur de l’échec et le doute
Ils sont les meilleurs antidotes à la chance.
N’oubliez pas que « mieux vaut rater sa chance que ne pas l’avoir tentée. » (Proverbe chinois). La peur de l’échec a fait bien plus de victimes qu’un revers avéré. Activez vos filtres mentaux pour ne pas être pollué(e) par ces barrières intérieures.
• Tester sa chance
Cela revient à ne pas croire en elle. Toute forme de roulette russe est à proscrire formellement : votre chance pourrait vous quitter pour longtemps. Après tout, il n’y a rien qu’une déesse haïsse plus au monde qu’on doute de son pouvoir…
• Se décourager
Il est essentiel de garder le cap jusqu’au bout : c’est le seul moyen d’arriver à bon port malgré les obstacles et les tempêtes. « Tu n’échoues jamais complètement jusqu’à ce que tu cesses de tenter ta chance. » (Mike Ditka). Prenez les évènements à l’envers et cherchez le positif dans vos échecs car parfois, c’est la chance qui vous empêche de faire un mauvais choix…